Galles-France : sortir indemne de l’enfer – 6 Nations


Les Bleus passent un test de caractère ce samedi à Cardiff. Le réussir leur ouvrirait la porte du grand chelem dans le Tournoi des six Nations.

De notre envoyé spécial à Cardiff,Le tournant du Tournoi. Le match qui ouvrira tous les possibles. Ou fera retomber l’euphorie née des deux victoires inaugurales face à l’Angleterre et l’Italie. Ce samedi (17 h 45, France 2), les Bleus vont savoir. Et leurs supporters, de nouveau prêts à s’enflammer, aussi. « C’est un test de caractère, de personnalité », a posé le manager du XV de France, l’immense Raphaël Ibanez. Résister à l’effet cocotte-minute du Millennium, son couvercle étouffant, ces chants incessants jaillissant de 75 000 poitrines. Sa plongée dans le noir. Priés de patienter en attendant l’entrée dans l’arène des gladiateurs de la Principauté. Et les lance-flammes qui entrent en action pour accueillir les héros dans un rugissement viscéral. Bienvenue en enfer. De quoi faire vaciller les adversaires les plus impressionnables, ceux qui n’ont pas les tripes bien accrochées.

Enfin un succès, dix ans après ?

Fabien Galthié et Ibanez veillent, depuis le début de la semaine, à prévenir les plus inexpérimentés de ce qui les attend dans cette nef de pierre et de fer échouée au cœur de Cardiff. Ne pas succomber à la pression, ne pas perdre ses moyens. « Nous avons cherché à transmettre notre expérience, leur dire d’aller au plus simple, de cibler leur adversaire. C’est la clé pour rester concentrés dans ce contexte bouillant. » Et sacrément hostile. Le XV de France ne s’est plus imposé au pays de Galles depuis dix ans. Le 26 février 2010, Dusautoir et ses partenaires y enfonçaient la porte menant au grand chelem. Un lointain souvenir. Les Diables rouges ont remporté huit des neuf dernières confrontations. Et encore. Leur seule défaite, au Stade de France en 2017, s’est nouée au bout de vingt minutes d’arrêts de jeu et d’une interminable série de mêlées.

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Le 20 octobre dernier, à Oita, au Japon, ce sont de nouveau les Gallois qui ont pris le meilleur. 20 à 19. Une élimination en quart de finale de la Coupe du monde d’un rien. D’un coup de pied raté, d’une mêlée mal maîtrisée, d’un pétage de plombs de Vahaamahina laissant ses partenaires à 14. Mais ne parlez pas de revanche. Les rescapés tricolores (10 sur les 23) assurent qu’une « nouvelle histoire » est en train de s’écrire. Qu’il ne faut pas ressasser le passé. « Avant c’était avant », a tranché Fabien Galthié. Avant, l’Anglais Shaun Edwards était dans le camp adverse. Une décennie à façonner la défense galloise, à mener le XV du Poireau à trois Grands Chelems, le dernier en 2019. Aujourd’hui, l’inflexible entraîneur est du côté français. Pour une immense bataille, physique et stratégique en défense, un effet miroir qui s’annonce détonant.

Accents gaulliens

Pour affirmer que la page des années sombres devait être tournée, Fabien Galthié n’a pas hésité à montrer de quel bois ses nouveaux Bleus se chauffent. Qu’un pilier gallois accuse les Français de tricher en mêlée, la réplique fuse. « C’est un manque de respect vis-à-vis de notre ­mêlée, un manque de respect vis-à-vis de notre équipe, un manque de respect vis-à-vis du rugby français, un manque de respect vis-à-vis de notre nation. » Des accents gaulliens pour mobiliser sa jeune troupe. Et d’enfoncer le coin dans la bûche. « Nous avons d’abord besoin de nous faire respecter. Nous mettons tout en œuvre pour cela. Nous sommes très heureux d’aller à Cardiff pour montrer qui nous sommes. »

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Une équipe fière. Désireuse de prolonger l’état de grâce qui règne depuis le début du mois. Un public retrouvé, passionné. Des joueurs qui ne lâchent rien, ni lors des entraînements très poussés, ni lors des matchs. « Ils sont les porteurs d’une certaine idée du rugby français », insiste Raphaël Ibanez. À la place de Dan Biggar, l’ouvreur gallois étrangement titularisé après avoir été victime d’une troisième commotion cérébrale en cinq mois, on se ferait du souci. Ça va cogner très fort dans la bouillante marmite de Cardiff.



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