La fierté méconnue de Rudy Gobert


All-Star pour la première fois de sa carrière, Rudy Gobert peut être fier de lui. Surtout, il perpétue le rêve d’un certain Rudy Bougarel, son papa. Pour The Undefeated, le Français a évoqué une histoire sur laquelle il s’épanche peu habituellement.

D’une certaine manière, je vis son rêve. Je n’en parle pas beaucoup. Personne n’est trop au courant. Mais ça signifie beaucoup pour moi de pouvoir réaliser son rêve.

La personne dont Rudy Gobert parle avec tendresse, et réalise le rêve, c’est son père Rudy Bougarel, basketteur de 2m13 passé par la fac de Marist aux Etats-Unis entre 1985 et 1988. A l’époque, le natif de Guadeloupe rêve d’être le premier Français à accéder à la NBA, et il a à la fois les stats et le potentiel pour y parvenir. Malheureusement, le rêve va vite se briser.

En marge de la Draft 1989, Bougarel est sélectionné par l’Equipe de France. Il doit alors rejoindre la sélection, et ainsi rater les workouts et la Draft. Conscient de voir son rêve lui échapper, le père de Rudy refuse. La fédération française brandit alors l’arme du service militaire, alors en vigueur. Gobert raconte la suite :

Finalement, il ne l’a pas fait, mais il a dû revenir en France, et il a bel et bien raté les workouts NBA. Mais s’il y était allé, je ne serais pas là. C’est le destin. Puisqu’après ça, il a joué en France, à Paris et à Saint-Quentin, où il a rencontré ma mère.

Comme quoi, la vie bascule parfois à peu de choses près.

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Quand le pivot du Jazz était encore enfant, ses parents se sont séparés. Sa mère est restée à Saint-Quentin, avec le petit Rudy, tandis que son père est retourné en Guadeloupe. Durant son enfance et adolescence, le jeune garçon appelait son père une fois par semaine. Le message du patriarche ? « Amuse-toi, et travaille sur ton corps ».

Une fois tous les 3 ans, environ, la famille avait les moyens de rendre visite à Bougarel en Guadeloupe. Lorsqu’il le voyait, Rudy ne pouvait pas faire abstraction du regret éternel de son père :

Ne pas aller en NBA l’a détruit. Il était fasciné par le jeu, et ils lui ont volé ça. A l’époque, c’était très dur pour des joueurs non-américains d’avoir cette opportunité. La fenêtre de tir était très restreinte. Si vous la ratiez, il n’y avait pas de scouts pour revenir vous voir. Il a perdu son amour pour le jeu. C’est fou. Il aurait pu être le premier drafté.

Tout naturellement, Rudy Gobert a pris le relais, parvenant lui à atteindre la NBA et à s’y épanouir, jusqu’à glaner 2 titres de meilleur défenseur de l’année, et désormais une sélection au All-Star Game. Son père ne sera pas présent à Chicago, mais il suivra l’événement à la télé :

Il ne veut plus prendre l’avion. Ce serait super, mais il n’a pas voyagé depuis 15 ans, peut-être même plus. Je ne pense pas que ce serait bien pour lui, et je ne pense pas qu’il serait à l’aise au milieu du public.

Que Gobert se rassure, son père pourra le féliciter lors de leur prochaine rencontre en Guadeloupe. L’argent n’est désormais plus un problème, et le pivot du Jazz rend visite à son père chaque année.

Il en parle peu, mais si Rudy Gobert est fier de ce qu’il accomplit, c’est aussi pour son père. A de nombreux kilomètres d’écart, le père et le fils auront tous deux le sourire aux lèvres et les yeux humides dimanche prochain, lors du All-Star Game. Une belle histoire.



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