Municipales à Paris : Rachida Dati peut-elle l’emporter ?


Quand elle hésitait encore à se présenter à Paris début 2018, l’un de ses proches l’a encouragée : « Vas-y, tu vas accrocher la lumière! » Pari tenu : deux ans et une investiture plus tard, Rachida Dati est plus que jamais sous le feu des projecteurs. De nombreux déplacements, notamment dans l’Est parisien jusqu’alors terra incognita de la droite et surtout des sondages qui la donnent désormais en seconde position, derrière la maire socialiste Anne Hidalgo et devant le marcheur Benjamin Griveaux. Et c’est une bonne partie de LR qui retrouve le sourire alors qu’il y a quelques mois encore, tous pensaient avoir été définitivement balayés par la vague macroniste dans la capitale.

« On entrevoit à nouveau un possible, glisse Annie Genevard, la présidente du conseil national du parti. Aujourd’hui, personne ne dit plus qu’il est impossible que Rachida Dati puisse gagner. » Ce simple constat résonne déjà comme une petite victoire, tant Paris était un champ de ruines pour Les Républicains, tant Dati clivait en interne. Toujours visée par une enquête du parquet national financier concernant des rémunérations perçues comme avocate pour Renault-Nissan — une « tentative de déstabilisation » dit-elle — Dati trace sa route.

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« Quand je l’ai rejointe, je pensais qu’elle ferait de la figuration, reconnaît l’ancien maire du XVIe arrondissement, Claude Goasguen, propulsé conseiller spécial. Mais c’est une très bonne candidate. Elle a considérablement changé. Elle a trouvé sa dimension, elle est nature. Elle représente le contraire de Benjamin Griveaux. »

«Arrêtez de dire qu’elle est haute dans les sondages !»

« La campagne ne démarre pas comme prévu : le camp En marche! est très divisé entre Griveaux et Villani et dès lors, on assiste à un retour au monde d’avant », constate le maire (LR) du Ier arrondissement, Jean-François Legaret. D’où l’intérêt de Rachida Dati à rétablir un bon vieux clivage droite-gauche et s’imposer comme le réceptacle naturel du vote anti-Hidalgo. « Les sondages ne veulent rien dire. Mais on capitalise dessus parce que l’on est deuxième », reconnaît un membre de son équipe de campagne.

« Mais arrêtez de dire qu’elle est haute dans les sondages !, fulmine un élu LR de la capitale. Elle est autour de 20 %. A la même époque en 2014, la candidate de LR Nathalie Kosciusko-Morizet était à 35 % dans les sondages en posant, clope au bec, avec des clodos ! » Un score qui ne l’avait pas empêché de perdre. Il faut dire que le mode de scrutin à Paris brouille les cartes. Pour l’emporter dans la capitale, il ne faut pas gagner le plus de voix possible dans les urnes mais disposer de la majorité des 163 conseillers de Paris. Lesquels sont élus par arrondissement.

«Mathématiquement, on sait qu’on ne peut pas gagner»

De quoi donner un poids prépondérant aux situations locales. En 2019, les maires Florence Berthout (Ve) et Delphine Burkli (IXe) ont quitté LR pour rejoindre Griveaux, affaiblissant les chances de la droite. Tous les regards se tournent actuellement vers le XVe arrondissement. Rachida Dati y a imposé une liste LR face au maire sortant… LR Philippe Goujon qui refusait de s’engager clairement à voter pour elle au Conseil de Paris.

Cohérent pour Rachida Dati mais risqué car elle pourrait perdre le XVe, plus gros pourvoyeur de conseillers de Paris. « Mathématiquement, on sait qu’on ne peut pas gagner. On dit qu’elle monte, mais on aura moins de conseillers de Paris qu’en 2014 », s’alarme un cadre LR.

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Rachida Dati part ainsi fragilisée jusque dans les fiefs traditionnels de la droite à l’Ouest. Les LR s’affronteront aussi entre eux au premier tour dans les XVIe et VIIIe arrondissements. « On se compte au premier tour et on se rassemble contre Hidalgo au deuxième et au troisième tour », rassure une proche de Dati, esquissant la possibilité d’une alliance ultérieure avec En Marche !.

Interrogée à ce sujet par Les Echos vendredi, la candidate ne répond pas clairement. Laissant planer l’incertitude alors que ses chances de remporter son pari semblent bien minces.

Précision

Depuis l’été dernier, Rachida Dati ne répond plus aux sollicitations du Parisien, qu’il s’agisse d’interrogations sur son programme ou sur sa stratégie. Invitée à plusieurs reprises à s’exprimer dans nos colonnes et à présenter son projet dans une interview, à l’instar de ses adversaires Anne Hidalgo ou Benjamin Griveaux, la candidate Les Républicains a, à chaque fois, décliné les propositions qui lui ont été adressées.

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