Marc Andreu au Figaro : «Ça me chagrinerait de devoir mettre un terme à ma carrière» – Top 14


En fin de contrat avec La Rochelle, l’ancien ailier international s’interroge sur la fin de saison à venir et la suite à donner à sa carrière. 

Comment vivez-vous cette période de confinement et de chômage technique ?
Marc Andreu : Le confinement, ça va. Je fais partie des privilégiés, j’ai une maison, un jardin, des enfants en bonne santé. Il n’y a pas de trop de monde dans ma famille qui est touché, à part une personne. Mais on est bien. On respecte les règles sanitaires avec sérieux.

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Et comment vous entretenez-vous physiquement ?
Notre club, comme tous les autres, nous a demandé de nous entretenir. Ils nous ont livré des choses. Moi j’étais plutôt bien équipé puisque ma femme est kiné. Mais j’arrive pas trop à trouver la motivation pour faire du sport. Je vois sur les réseaux sociaux des gars qui en font beaucoup, beaucoup… Moi, j’en fais un peu mais j’ai du mal à trouver la motivation. S’entraîner tout seul dans son coin… J’ai choisi un sport collectif pour être avec des amis et faire du sport tout seul, c’est un peu difficile pour moi. Dur dur de faire des choses tout seul… Après on attend patiemment de voir comment les choses vont se passer. Je ne fais pas partie des mecs de Provale (le syndicat des joueurs) mais je suis actif sur ces questions, je me tiens énormément au courant des avancées. On attend… Nous, les joueurs, on a des convictions. Mais, face aux éventuels problèmes économiques, on sera tous capable de faire quelque chose. Tout le monde devra faire quelque chose. Et tous les sports sont concernés…

«J’avais des pistes mais tout est tombé un peu à l’eau. Même les projets professionnels que j’avais avec certaines entreprises»

Comment abordez-vous une éventuelle reprise et une hypothétique fin de saison ?
On ne sait même pas si on va reprendre le rugby, si on va reprendre quelque chose. Sans avoir d’objectif ni de scénario possible, la motivation ne vient pas. Sachant que je serai dégoûté si la saison ne reprend pas car je suis en fin de contrat. Terminer ma carrière et 15 ans de rugby comme ça, ça me chagrine. Après, on était en discussion pour que je continue un peu mais vu la situation économique… Mon entraîneur voulait me garder mais maintenant est-ce que ça va être possible ? Je ne sais pas… J’avais des pistes pour être «team manager» dans certains clubs, mais l’un d’eux m’a appelé pour me dire que ce n’était plus possible car c’était devenu secondaire. L’autre club m’a dit qu’il n’avait aucune visibilité pour l’instant, c’est normal vu qu’on est tous confinés. Tout est tombé un peu à l’eau. Même les projets professionnels que j’avais avec certaines entreprises. On attend les scénarios pour la reprise du rugby, mais moi j’attends juste la fin du confinement pour pouvoir me remettre des objectifs, regarder ce que je pourrai faire. Après, on est tous dans le même bateau. Je prêche pour ma paroisse mais c’est comme ça…

Mentalement ce n’est pas trop dur de voir vos projets s’écrouler ? 
Je me dis que si j’ai envie de continuer le rugby, ce ne sera pas trop un problème. Après, c’est une question économique, tout simplement. Si j’ai envie de continuer encore peu, j’envisagerai d’être moins bien payé. Mais pas pour rien non plus… Il faudra faire des sacrifices, comme les autres. Je ne me fais pas trop de soucis si je dois retrouver un club. Il y aura bien des entraîneurs et des présidents qui auront besoin d’un ailier avec un peu d’expérience. Et puis si ça n’arrive pas, on partira sur un projet professionnel et puis c’est tout…

«Je voulais rester à La Rochelle parce qu’il y a Brice (Dulin) qui arrive. S’il vient, c’est en grande partie parce que je l’ai fait venir» 

Est-ce que vous aviez noué beaucoup de contacts avec d’autres clubs après la fin de votre contrat avec La Rochelle ? 
Je ne voulais pas partir pour partir. Je voulais rester à La Rochelle parce qu’il y a Brice (Dulin, en provenance du Racing 92) qui arrive. S’il vient, c’est en grande partie parce que je l’ai fait venir. Je l’ai eu très souvent au téléphone et il me demandait beaucoup de conseils. Je ne veux pas dire que c’est grâce à moi mais, en attendant, je lui ai bien vendu La Rochelle. S’il est venu, c’est aussi sur mes conseils. Surtout, je m’imaginais finir avec un copain avec qui j’avais été champion la première fois (en 2013 avec Castres). Ça aurait été un joli clin d’oeil. C’était un objectif. Après je ne voulais pas partir n’importe où si c’était pour faire seulement une saison. Je voulais trouver un autre challenge, quelque chose que je n’avais pas fait dans ma carrière. On va voir, j’attends quand même les propositions… Rien n’est fermé, mais je ne veux pas faire n’importe quoi non plus. 

Vous n’imaginez pas mettre un terme à votre carrière ?
Je reste optimiste mais si je dois mettre un terme à ma carrière, je le ferai. Je serai chagriné mais qu’est-ce que je peux y faire ? Certaines personnes vont carrément perdre leur travail, je me dis qu’on ne peut rien y faire. Il y aura des perdants dans cette période. Si je dois en faire partie, ce sera la vie… Je ne vais pas me plaindre alors que ça fait 15 ans que je fais quelque chose d’extraordinaire. Il ne faudra pas s’apitoyer sur son sort, même si ça me chagrinera un petit peu. C’est le mot.

«Durant cette période, je me repose bien. Mentalement et physiquement, ça fait vraiment du bien. Je n’ai jamais trop connu ça dans ma carrière»

Physiquement et mentalement, vous vous sentez prêt à disputer une dernière saison ?
Oui, bien sûr. C’était mon objectif de faire une dernière année et ensuite d’arrêter. Durant cette période, je me repose bien. Mentalement et physiquement, ça fait vraiment du bien. Je n’ai jamais trop connu ça dans ma carrière, à part les deux, trois blessures que j’ai eues. Mais ça n’avait jamais dépassé trois mois. Je me dit que si on reprend plus tard, j’aurais eu une bonne période de repos. Ça ferait du bien pour reprendre une dernière saison en pleine santé !

En cas d’éventuelle reprise du Top 14, vous, les joueurs, vous auriez besoin de plusieurs semaines de préparation avant de rejouer…
Au niveau santé, ce serait compliqué de rattaquer direct. Il faut suivre aussi les directives en matière de santé. Le virus peut avoir des séquelles, des effets secondaires. Chez les sportifs, faire grimper la fréquence cardiaque, ça peut être dangereux. Il faudra faire attention à la santé des joueurs. Au bout de trois semaines d’entraînement, on ne sait pas ce qui peut arriver à certains mecs… Ça peut être très compliqué pour un porteur sain du Covid-19 s’il se met à faire du sport à bloc. Dans ma famille, quelqu’un a été touché et il y a eu de gros dégâts sur les poumons… Il faut attendre. Si on doit reprendre, on le fera. Je ne sais pas quel est le meilleur scénario. Il y aura des gagnants et des perdants… Il faut juste rester confinés et attendre.



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