Quelles données se cachent derrière les cartes censées prouver un relâchement des Français dans le confinement ?

De nombreux lecteurs ou internautes se demandent d’où proviennent les données utilisées pour réaliser ces cartes, censées démontrer un relâchement du confinement.

Y aurait-il un relâchement du confinement chez les Français, alors que la pandémie de coronavirus sévit toujours ? C’est en tout cas ce que sont censées prouver les cartes publiées par le Journal du dimanche, le 5 avril. Ces représentations largement reprises proviennent des données de déplacements de l’application Covimoov. Elles montrent que les trajets en voiture des Français ont augmenté de près de 40% lors de la quatrième semaine du confinement par rapport à la deuxième. De nombreux lecteurs et internautes se sont interrogés sur l’origine des données de géolocalisation utilisées pour cette carte, car Covimoov n’est pas une application téléchargeable sur mobile. La cellule Vrai du faux vous explique.

Derrière Covimoov, il y a la start-up Geo4Cast spécialisée dans la collecte et l’utilisation des données de géolocalisation. Selon son président, Antoine Couret, les données de déplacement en voitures proviennent “de plusieurs sources grâce à des partenariats avec des applications ou l’achat de bases de données”. Il ne souhaite pas en dire plus sur leur identité à franceinfo : “Nous ne citons pas nos partenaires pour des raisons de confidentialité. Cela peut être, par exemple, un jeu sur votre téléphone qui récupère avec votre consentement vos données de géolocalisation.” Antoine Couret assure que toutes les données respectent la Réglementation générale sur la protection des données (RGPD). Elles sont ainsi anonymisées avec une méthode de chiffrement irréversible.

Parmi les applications qui collectent le plus de données sur les déplacements, il y a celles qui utilisent le GPS sur les smartphones. Geo4cast a déjà travaillé avec les données de l’avertisseur de radar Coyote dans le passé. C’est ce que révèle un document confidentiel de février 2019 sur la mobilité à Reims exhumé par le journaliste de Télérama Olivier Tesquet sur Twitter. Ce partenariat est confirmé par Antoine Couret : “Notre métier, c’est notamment de travailler avec les collectivités. On va identifier les zones de bureaux, les zones commerciales et voir, par exemple, si l’offre de transport en commun est suffisante à partir de ces données.” En ce qui concerne Covimoov, il rappelle qu’il s’agit d’un “panel de données” et s’en tient à sa ligne de respect de la confidentialité de ses partenaires.

Covimoov a réalisé trois cartes sur les déplacements, la disponibilité des lits en réanimation ainsi que sur la diffusion des syndromes respiratoires. Derrière chacune d’entre elle, il y a un algorithme créé et breveté par les ingénieurs de Geo4cast. Pour la carte des déplacements, “l’algorithme calcule des points de départ et d’arrivée à l’échelle des départements ou des communes selon la densité de population, explique Antoine Couret. A partir de ces déplacements, il est capable aussi de définir si c’est un déplacement en voiture ou non”. La base de données permet alors à Covimoov de montrer que les Français ont effectué en moyenne 11 déplacements en voiture la semaine du 2 avril, contre 8 la semaine précédente. En période normale, hors confinement, cette moyenne est de 24 trajets en voiture par semaine.

Plus les déplacements sont nombreux, plus le risque de propagation du virus est grand. Mais, l’algorithme de Covimoov ne sait pas pour quelles raisons ont lieu ces trajets. Certains sont des déplacements professionnels, mais d’autres sont des trajets pour aller faires des courses ou encore pour raisons de santé. Il est donc impossible de savoir combien sont des déplacements qui ne respectent pas les motifs de l’attestation de déplacement.


Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*