Clash Amandine Henry vs Corinne Diacre : la fracture est totale


Si les Bleues ont logiquement composté leur ticket pour l’Euro, ce rassemblement s’achève dans un climat de chaos. Le temps joue pour Corinne Diacre, mais la situation est intenable.

Il faut savoir lire entre les lignes, parfois, pour décrypter une situation, y compris dans le langage ultra-policé de Corinne Diacre. Lorsque la sélectionneur de l’équipe de France féminine s’est présentée en conférence de presse lundi, il a évidemment été question de ses différends avec certaines joueuses cadres – Amandine Henry en prime. Morceaux choisis :
– « Parler de fracture ? Je n’ai pas saigné, je n’ai pas de pansement, ne vous inquiétez pas, tout va bien ».- « Je ne suis pas là pour sélectionner les gens que j’aime bien ».
– « J’ai dit  »tout se paie un jour » mais ce n’était pas une menace ».
– « Après neuf jours de stage, il y a de la fatigue… ».

Il n’y a bien que sur cette dernière remarque que Corinne Diacre a convaincu son auditoire. Rappeler qu’il y a de la fatigue est un doux euphémisme, c’est peu de le dire. Chez les Bleues, elle s’apparente à de l’usure – physique, mentale, psychologique. Pour tout le reste, Diacre est donc restée sur sa ligne directrice : une communication calquée sur celle de Noël Le Graët, une posture hermétique – histoire de rappeler que son parapluie ne se briserait pas sous la pluie de critiques – et un agacement à peine dissimulé derrière un sourire forcé.

Les Bleues sont dans le brouillard

Le bilan sportif que Corinne Diacre met en avant sonne comme une évidence au vue du calibre de ses joueuses : l’équipe de France a sorti une prestation sérieuse pour battre l’Autriche (3-0) et composter son ticket pour l’Euro. Très bien. Et maintenant ? Les tricolores vont conclure son rassemblement dans la confusion la plus totale avec un match pour du beurre contre le Kazakhstan ce mardi soir (21h).

Peut-être conviendra-t-il de rappeler à Corinne Diacre qu’une fracture est une cassure sous-jacente qui ne saigne pas – ce qui est, en ce sens, plus profond qu’une blessure. Peut-être faudrait-il lui signifier, aussi, que si elle n’est « pas là pour sélectionner les gens qu’elle aime bien », il serait préférable de les aimer. Car au-delà de toutes considérations personnelles – comme elle le souligne si bien – la notion de confiance est un principe de management immuable, qui plus est avant une grande conquête. C’est au pied des montagnes qu’il faut avoir des ailes, de la force et de la clarté. Or, si les grands cols sont encore loin, les Bleues sont plongées dans un brouillard épais.

Le Graët, seul soutien de Diacre

Plusieurs sources indiquent ces dernières heures qu’Amandine Henry serait ainsi prête à claquer la porte, imitant la gardienne Sarah Bouhaddi. Si cette démarche se généralise, l’équipe de France sera en péril. Canal + n’exclut pas le scénario d’un boycott plus vaste des Lyonnaises, plusieurs joueuses ayant déjà manifesté leur désaccord avec Corinne Diacre publiquement. Au cœur de cette situation potentiellement explosive, Noël Le Graët tient encore les ficelles. Il est le seul à pouvoir éteindre le volcan. Parce que le président de la FFF continue à minimiser le problème, l’étau s’est resserré tant le contingent des Lyonnaises constitue le socle de l’équipe de France féminine. À titre comparatif, pourrait-on imaginer l’Allemagne se passer du Bayern, ou l’Espagne faire une croix sur ses représentants du Barça et du Real ? La sélectionneur pourrait encore rétorquer que « cela se passe dans toutes les sélections », quitte à se placer, une fois de plus, seule contre le reste du monde. On n’est plus à une cagade près.

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