Serge Simon : «J’ai bon espoir que le Tournoi des six nations se déroule aux dates et dans les stades prévus» – 6 Nations


Le vice-président de la FFR, interrogé par le Figaro, se veut optimiste. «Covid manager» du XV de France, il participe à l’élaboration du protocole sanitaire et assure que le gouvernement français a reçu toutes les garanties exigées.

Le Figaro – Selon le Comité des six nations, le Tournoi va se dérouler comme prévu…
Serge Simon : A l’heure où l’on parle – et aujourd’hui toutes les activités doivent être précédées de ce préambule car tout peut changer très vite -, le Tournoi des six nations va se dérouler comme prévu oui. C’est-à-dire aux dates et dans les stades prévus. A huis clos bien sûr.

Il n’est donc pas question d’une compétition se déroulant uniquement en France ?
Il s’agit de spéculations. Ça n’a jamais vraiment été posé sur la table.

Le ministère des Sports ne s’y oppose pas mais a fixé une condition : s’assurer que les protocoles sanitaires sont conformes pour tous les pays.
Je ne partage pas l’idée d’une condition. On partage beaucoup avec les autorités. Et j’ai l’impression que l’écoute est attentive et bienveillante. La question était ‘’d’accord, mais est-ce que tout le monde fait pareil ? La réponse est oui et ça les a, il me semble, rassurés. C’est un protocole commun construit par tous et imposé à tous. Auquel peut se rajouter des obligations sanitaires propres à chaque pays. Mais l’exigence et la rigueur sont la même pour toutes les nations. Nous leur avons donc fourni l’assurance que le protocole sanitaire qui régit la compétition apporte toutes les garanties possibles.

«La constitution d’une bulle sanitaire est pratiquement impossible pour les féminines et les U20»

Pourquoi êtes-vous aussi affirmatif ?
Ce protocole a un atout : il a été élaboré pour la tournée d’automne et il a fait ses preuves. On part donc d’un existant qui a montré deux forces : sa capacité à minimiser, voire à faire disparaître, le risque de naissance d’un foyer par la création de bulles sanitaires efficaces ; et, s’il y a l’apparition d’un foyer, comme ce fut le cas avec l’équipe fidjienne, de le contrôler et d’empêcher sa dissémination à d’autres personnes. C’est ce qui est le plus important pour les autorités publiques : la détection et l’isolation, afin qu’il ne soit pas à source d’une contamination générale. Il a fait preuve de son efficacité mais on va l’améliorer et le renforcer du fait de la sur-contagiosité du variant britannique. Ce qui explique que les compétitions Féminines et U20 aient, elles, reportées, car ce niveau d’exigence ne peut être assuré pour les trois compétitions. Ce ne sont pas les mêmes populations. Les Féminines et les U20 ne sont pas uniquement composés de professionnels, des joueuses et des joueurs ont des vies par ailleurs. La constitution d’une bulle est donc difficile, voire impossible.

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Beaucoup de gens se posent cette question : pourquoi les coupes d’Europe ont été reportées et pas le Tournoi des six nations ?
Le temps joue beaucoup dans cette crise sanitaire. La coupe d’Europe n’a pas été annulée, ce sont les matches du mois de janvier qui ont été reportés du fait de la situation générale de l’épidémie et du manque de temps pour s’organiser. Ce qui ne veut pas dire qu’en février ou en mars, ces matches n’auraient pas pu se jouer… Entre le retour d’expérience de la tournée d’automne et la temporalité du Tournoi, mi-février à fin mars, nous avons amené des garanties suffisantes. Sans préjuger de la décision gouvernementale, j’ai l’impression que, dans ces conditions de maîtrise, disputer ces rencontres ne posera pas de problèmes. Si les autorités disaient le contraire, nous nous y plierons bien évidemment. Mais, dans les échanges actuels, nous avons bon espoir que le Tournoi ait lieu dans sa configuration prévue.

«Cette fois, dans le protocole, il n’y a plus un, mais deux tests hebdomadaires systématiques pour les joueurs. Voire un troisième pour les ‘’voyageurs’’»

Existe-t-il une inquiétude quant aux aller-retour des joueurs dans les clubs ?
Ce n’est pas une inquiétude mais une particularité. Elle aussi a déjà été testée cet automne. On a prouvé notre capacité à contrôler la sécurité sanitaire pour les entrées et sorties de la bulle. Et les joueurs ne repartent pas dans la forêt, mais dans une autre bulle tout aussi rigoureuse, celle de leur club, fixée par la Ligue. Il n’y a donc pas de discontinuité de la gestion épidémiologique.

Qu’en sera-t-il de la politique des tests pendant le Tournoi ?
En automne dernier, les joueurs étaient testés une fois par semaine, plus un éventuel second test imposé par les autorités du pays visité. Ce fut le cas pour nous lors de nos déplacements en Ecosse et en Angleterre. On s’est fait tester comme n’importe quel voyageur. Je fais partie du «Medical Advisory Group» qui se réunit chaque semaine. Cette fois, dans le protocole, il y a deux tests hebdomadaires systématiques. Voire un troisième si celui pour les ‘’voyageurs’’ ne peut pas être le même. Ça dépendra du jour du match et du voyage. Reste à déterminer si ce seront des tests antigénique ou PCR ou les deux.

«Le facteur économique entre en compte, mais ce n’est pas le principal»

Autre critique entendue : il fallait absolument sauver le Tournoi masculin pour ses 110 millions de droits télé à se partager entre les six fédérations…
Ce n’est pas polémique. C’est une équation à multiples facteurs, l’économique n’est pas exclusif. Il y a le facteur sportif : ne pas jouer le Tournoi, ne pas entretenir la dynamique des équipes, serait très préjudiciable. Il y a le facteur opérationnel : décaler le Tournoi, d’accord, mais comment trouver d’autres dates dans un l’écosystème très contraignants ? Il y a le facteur économique donc, mais je rappelle que, si le Tournoi avait été décalé, nous aurions touché les droits télé, certes plus tard. Et, le plus important à mes yeux, il y a le facteur sociétal. Je crois très sincèrement que l’équipe de France de rugby, comme tout événement sportif ou culturel majeur, a un rôle à jouer dans l’état psychologique et émotionnel de notre nation. Je suis atterré par ce que vit le monde de la culture. Son utilité n’est pas reconnue. Culture et sport ne sont pas considérés comme des secteurs de première nécessité. Des décisions radicales ont été prises sans tenir compte de leur impact psychologique. Amener un peu de joie, d’enthousiasme, de cohésion… On a besoin de vibrer, de rêver, d’avoir de l’espoir. Je milite pour ça. C’est une petite goutte d’eau dans cet océan, mais c’est la légende de la goutte d’eau du colibri. On amène notre petite part de positif.

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Et l’impact de la recette billetterie perdue ?
Il est majeur. Entre France-Irlande, la tournée d’automne et le Tournoi 2021, on estimait les pertes, avec une jauge à 5.000 spectateurs, à 35 millions d’euros. Et parmi les 5.000, on escomptait surtout des hospitalités. Le préjudice financier sera donc un plus grand. Mais nous y ferons face…

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