Milan-San Remo : les favoris se rate, Stuyven en profite


Le Belge Jasper Stuyven a déjoué, tout en opportunisme, les plans des favoris et des sprinteurs pour conquérir samedi Milan-San Remo, la première grande classique de la saison cycliste, devant l’Australien Caleb Ewan et le Belge Wout van Aert.

Sous le soleil de la Via Roma, Caleb Ewan a mené un sprint magistral pour devancer Wout van Aert, vainqueur sortant de Milan-San Remo, le Slovaque Peter Sagan et le champion des Pays-Bas Mathieu van der Poel au bout des 299 kilomètres de la plus longue des classiques. Mais la fusée de poche australienne, qui avait remarquablement résisté dans la montée du Poggio, a franchi la ligne derrière Jasper Stuyven.

«Cette fois, je suis assez déçu», a d’ailleurs avoué Ewan, déjà deuxième en 2018 derrière l’Italien Vincenzo Nibali. Déçu, oui, comme pouvaient l’être les trois premiers favoris (van der Poel, van Aert, Alaphilippe) qui se sont épiés tout au long de la journée, surtout dans le Poggio qui sert habituellement de tremplin aux puncheurs dans un final toujours tendu à l’extrême.

Comme prévu, Julian Alaphilippe, vainqueur en 2019, est passé à l’attaque après le forcing des coureurs de l’équipe Ineos (Ganna surtout). Mais le champion du monde français, suivi de près par van Aert, n’a pu creuser l’écart, contrairement aux deux dernières éditions. Au sommet, à 5,5 kilomètres de l’arrivée, c’est un groupe d’une douzaine de coureurs qui a basculé en tête et abordé la descente, tout en se surveillant au point que le néo-pro britannique Tom Pidcock a dû relancer l’allure.

Dans cette édition aidée par le vent portant, la troisième plus rapide de l’histoire, Stuyven a vu l’ouverture au bas de la descente. A 2,5 kilomètres de l’arrivée, le Belge est passé à l’attaque, à la façon du Suisse Fabian Cancellara en 2008. S’il a été rejoint par le Danois Soren Kragh Andersen sous la flamme rouge du dernier kilomètre, il a lancé le sprint de loin pour s’adjuger, à 28 ans, son premier «monument».

L’échec des favoris

«Il y avait 3 coureurs très forts au départ et on ne pensait pas gagner», a reconnu Stuyven. «Mais j’étais dans un grand jour. Après la descente du Poggio, j’ai vu qu’il y avait encore des sprinteurs. Alors j’ai essayé de faire tapis et d’anticiper le sprint. Ce n’est pas une stratégie que j’ai choisie ce matin, j’ai plutôt agi d’instinct».

«C’est incroyable !», s’est étonné le Belge de l’équipe Trek, dont le palmarès compte 9 victoires, notamment le Het Nieuwsblad en 2020, depuis ses débuts en WorldTour en 2014. Habitué aux accessits dans les classiques, il avait obtenu jusque-là ses meilleurs résultats dans les principales courses d’un jour de la saison sur Paris-Roubaix (4e en 2017, 5e en 2018) auquel le destine son solide gabarit (1,86 m pour 78 kg).

Pour ses adversaires, la leçon est rude même si l’histoire du cyclisme regorge de courses gagnées de cette façon. «C’est un Milan-Sanremo doux-amer pour moi», a convenu Sagan, victime une fois encore du sortilège de la Primavera qu’il n’a jamais conquise en onze participations. Content de sa forme ascendante, la star des années 2010 a reconnu «être un peu en colère d’avoir raté l’occasion».

Pour van der Poel, qui rêvait de gagner 60 ans après son grand-père français Raymond Poulidor, l’échec est encore plus marquant. Le dominateur des Strade Bianche, moins bien placé qu’Alaphilippe et van Aert au début du Poggio, a réagi ensuite au démarrage du Français, mais sans jamais paraître en mesure de faire lui-même la décision.

Partagé entre l’envie d’attaquer pour réussir le KO et l’option de s’économiser pour le sprint, van Aert a reconnu lui aussi s’être trompé. «C’était difficile de prendre les bonnes décisions à la fin», a soupiré le vainqueur 2020. Mais, sportivement, a salué «un beau vainqueur».

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*