Malgré Benzema, Chelsea accroche le Real / Ligue des Champions (demi-finale aller)


Mené et malmené par une équipe de Chelsea décomplexée, le Real Madrid s’en est remis à une inspiration géniale de Karim Benzema pour limiter la casse (1-1). La bande à Tuchel a un pied en finale.

Le football n’est pas le sport collectif le plus individuel pour rien. Il appartient autant à ses grandes équipes qu’à ses rois – surtout dans sa compétition reine. Il serait caricatural d’affirmer que ce premier round entre le Real et Chelsea était un rapport de force entre un grand footballeur et une grande équipe de foot, mais il y avait un peu de ça. Après son passage à Paris, Thomas Tuchel a grandi. Il a fait de ce Chelsea une formidable escouade collective, homogène et généreuse. Mais en face, le Real Madrid a encore été porté par un Karim Benzema sublime, dans la souffrance comme dans ses fulgurances.

Chelsea avait tout bon

Pour se calquer sur son adversaire, Zinédine Zidane avait surpris son monde en concoctant une défense à cinq, avec Marcelo sur le flanc gauche. Le technicien français a fait une erreur. Son mérite a été de la corriger. Car l’entame de match a vite démontré que ces Merengue étaient perturbés par cette structure inédite. Le problème était systémique, mais pas que. Il était aussi individuel : en dépit de la magie qu’il a encore dans les pieds, Marcelo n’est plus un défenseur de haut niveau depuis longtemps. En face, Chelsea a pris ce match par le bon bout. Deux hommes ont pris la lumière pour les Blues : N’Golo Kanté, précieux, toujours, pour gratter des ballons, tout en les utilisant à bon escient ; et le très incisif Christian Pulisic.

Poulain de Tuchel depuis sa période Dortmund, l’international américain a tout fait à la défense madrilène en première période. C’est lui qui a donné une balle de but à Timo Werner, d’une déviation de la tête bien sentie, avant que l’Allemand ne contraigne Thibaut Courtois à un petit miracle sur sa ligne (10e). C’est lui, surtout, qui a douché les Madrilènes, avant même qu’une pluie battante ne commence à tomber sur le petit stade Alfredo Di Stefano. Couvert par Marcelo sur un appel dans l’espace, l’attaquant des Blues a repiqué tranquillement avant de contourner Courtois pour frapper dans un but ouvert (0-1, 14e).

Benzema, seul dans la tempête

Il était alors difficile d’imaginer le Real se sortir de ce traquenard. Complètement déréglée dans son expression, la bande à Zidane s’en est remise à son facteur x. Elle n’avait pas d’autre alternative. Karim Benzema, qui n’avait pas perdu un ballon depuis le coup d’envoi, a lutté contre le temps et les vents contraires. Ses déplacements, ses remises, ses orientations de jeu étaient d’une justesse délicieuses. Et comme depuis quelques temps, lorsque Benzema fait du Benzema, il y a souvent un but décisif dans le package, Madrid a refait surface : une première frappe limpide sur l’équerre de la lucarne a donné le ton (23e), avant qu’un splendide enchaînement contrôle-reprise acrobatique aux six mètres n’offre l’égalisation (1-1, 29e).

La configuration tactique n’a pas foncièrement changé au retour des vestiaires, mais le rythme est retombé. Quand il n’arrivait pas en retard sur son vis-à-vis, Marcelo a continué à voir les vagues défiler dans son dos. Il faut dire que Chelsea avait du cœur et des jambes. Sans dévier de leur ligne directrice, les Blues n’ont cessé de faire passer des frissons dans une défense madrilène au bord de la rupture. Dans l’impression visuelle, peut-être auraient-ils mérité mieux. Mais il faut avouer qu’il leur manque encore un petit quelque chose dans cette cour des grands : du métier, déjà, et un peu de mordant – à l’instar de Werner, dont la crise de confiance devant le but s’étend.

Reste que Chelsea a pris une option sur la qualification ce soir. C’est la morale de l’histoire. Parce que le club le plus titré de la Ligue des Champions a mené une fronde pour la détruire, d’aucuns y verront une morale pour le football, mais on attendra le retour, à Londres dans huit jours, avant de faire les comptes…

 

 

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