«J’étais un peu perdu dans ma tête»


L’arrière de l’équipe de France fait le point, en conférence de presse, alors que les Bleus commencent leur préparation en vue des JO de Tokyo.

Les JO débutent dès maintenant pour les Bleus. Réunis à l’Insep depuis mercredi avant de se rendre à Pau pour la première phase de la préparation, ils n’ont qu’un mois pour débuter l’olympiade japonaise dans les meilleures conditions, avec un match d’ouverture XXL contre Team USA le 25 juillet. Après une saison compliquée, entre un trade (d’Orlando à Boston) et le Covid-19, Evan Fournier ne boude pas son plaisir de retrouver l’équipe de France et de disputer les Jeux pour la première fois de sa carrière. L’arrière de 28 ans a fait le point face aux médias ce jeudi, par écrans interposés.

De retour avec les Bleus : «Comme chaque année, c’est toujours un plaisir de revenir, de voir les copains, de voir différents joueurs et d’évaluer les progrès des uns et des autres. Et de pouvoir faire de la compétition. On est là pour cela, pour jouer au basket et faire de grosses compétitions. Je suis vraiment impatient de reprendre.»

Son état de forme : «J’ai terminé ma saison il y a environ trois semaines. C’est une année lors de laquelle ça a été un challenge de prévoir ma période de repos. Habituellement, j’ai toujours un peu de temps pour déconnecter et une période d’entraînement. Là, c’était un peu différent. J’ai pris environ dix jours et j’ai repris progressivement, à l’Insep d’ailleurs. Je vais avoir grand besoin de la préparation pour me remettre dedans, mais c’est fait pour cela. Encore une fois, je suis impatient de commencer.»

L’alchimie de la Coupe du monde 2019 aux JO : «L’alchimie se crée naturellement, ça ne se force pas. On a un groupe assez similaire par rapport à 2019. Il y a une base. Après, c’est la vérité du terrain ! Il faudra être attentif aux entraînements et qu’on fasse les choses bien, la préparation est courte avec seulement quatre matches avant les JO. Il faudra attaquer tous les matches avec beaucoup de sérieux et d’intensité. C’est comme cela qu’on va bien se préparer. La Coupe du monde en Chine, c’était il y a deux ans. Ce n’est pas réaliste de penser qu’on va se retrouver et que tout sera comme en 2019, il faudra travailler sur cela.»

Les favoris aux JO : «C’est un truc de journalistes, désolé (sourire). Il y a clairement les États-Unis, qui ont plus de talents que les autres équipes, et après il faudra faire les matches. Sur toutes les compétitions, il y a des équipes qui surprennent et d’autres qui déçoivent. Au final, les favoris…»

Le nouveau format aux Jeux : «J’en ai parlé avec Vincent (Collet), pas encore avec les joueurs. Je n’ai pas eu la chance de participer aux Jeux de 2012 et 2016. Il y a un changement dans la formule et il sera donc très important de remporter tous nos matches et en cas de défaite, de limiter la casse. On a une grosse poule, ce sera d’autant plus important.» (les Bleus seront dans le groupe A, avec les États-Unis, l’Iran et l’équipe qui sortira du TQO de Victoria, NDLR)

« Je n’ai été malade qu’une semaine et ce n’était pas grand-chose, je n’ai eu qu’une petite fièvre. Le gros problème, c’était surtout après. »

Evan Fournier sur le Covid-19

Son expérience du Covid-19 : «Je n’ai été malade qu’une semaine et ce n’était pas grand-chose, je n’ai eu qu’une petite fièvre. Le gros problème, c’était surtout après. J’avais beaucoup de mal à me concentrer. J’avais des problèmes de vision. J’étais un peu perdu dans ma tête. Tous mes sens étaient un peu attaqués. Pas nécessairement le goût et l’odorat. Ce n’était vraiment pas facile à vivre, j’avais l’impression d’être dépassé, que tout allait trop vite pour moi tout le temps. Par exemple, quand je prenais la voiture, j’avais trop d’information, les lumières, les autres véhicules, les piétons, les vélos… C’était compliqué. Forcément, sur le terrain, c’était pire… J’ai fait le vaccin Pfizer. À Boston, il y a Harvard, et donc des gens intelligents et réputés. Et il y avait des exemples de cas où le vaccin permet de se sentir mieux. Après ma première dose, ça s’est beaucoup mieux passé. Là, j’ai fait la deuxième juste avant de revenir en France. Je ne dirais pas que je suis à 100% encore, mais ça va beaucoup mieux.»

Première participation aux JO : «Je suis content de participer aux JO même si c’est dans des conditions particulières. J’espère que la salle sera quand même pleine, qu’on pourra vivre ces Jeux et qu’on fera une performance au Japon.»

La sélection américaine : «Ils ramènent leur équipe et c’est bien. C’est ça le basket, les compétitions internationales : il faut ramener tes meilleurs joueurs. J’ai été un peu surpris de la présence de certains joueurs, comme Kevin Durant. Il vient juste de finir (avec les Nets en NBA). Il est déjà double champion olympique. On aurait donc pu penser qu’il allait faire l’impasse. Mais je trouve ça bien. Quand tu es compétiteur, tu as envie de jouer contre les meilleures équipes possibles. C’est positif. Pour les joueurs encore en lice en play-offs (Middleton avec Milwaukee et Booker avec Phoenix, NDLR), ce sera “short”. Mais en même temps, ils seront dans le rythme. On verra comment ça se passe.»

Les Bleues à l’Euro en ce moment : «Je suis forcément de loin. J’avoue que je n’ai pas regardé les matches. Après, si j’ai l’occasion de le faire pour la demi-finale (samedi contre la Biélorussie) et je l’espère la finale, je le ferai. Je leur souhaite de gagner.»

Grandir dans une famille d’athlètes : «Quand tu grandis dans une famille d’athlètes, ça joue forcément sur ton éducation. J’ai forcément été marqué, gamin, en regardant les compétitions de mes parents, quand mon père ramenait des valises de l’équipe de France… Faire les JO, ça a toujours été important pour moi. C’est ma première opportunité. Je compte bien la saisir et faire la meilleure perf’ possible.»

Un avantage par rapport à d’autres équipes en lice : «On n’a pas d’avantage, non.»

« Un groupe est né en Chine »

Evan Fournier

Le souvenir de la Coupe du monde 2019 : «Jusqu’à ce jour, le sentiment qui domine est qu’on est passé à côté de quelque chose de grand. J’ai toujours cette défaite contre l’Argentine (en demies) en travers de la gorge. Je pense que je l’aurai toute ma vie… Ça fait partie du sport. On était passé à côté de notre match. Il y avait des conditions particulières pour cette rencontre… Après, j’en garde aussi un bon souvenir parce que c’était une super aventure, avec un groupe super. Un groupe est né en Chine. Une très bonne expérience avec une petite déception sur ce match de l’Argentine.»

La médaille de bronze de la Coupe du monde : «Je l’ai donnée à un Chinois dans le public comme l’avait dit le commentateur à l’époque (rires). Non, je l’avais donné à mon père en Chine après le match, il l’a toujours. J’ai déjà la médaille de bronze de la Coupe du monde 2014 à Madrid. Je n’en avais pas besoin du coup… Je ne suis pas quelqu’un de très matériel. Je n’apporte pas beaucoup de valeurs aux choses. Je sais que j’ai fini troisième, je n’ai pas besoin d’une médaille pour me souvenir de cela.»

« Je suis super content que Nico (Batum) soit sorti de ce traquenard de Charlotte »

Evan Fournier

Diminué en 2019, Nicolas Batum en forme : «Ça va grandement nous aider. Je suis super content pour Nico, qu’il soit sorti de ce traquenard de Charlotte. C’est un joueur qui a besoin d’avoir des responsabilités, d’être sur le terrain, le sentiment d’aider l’équipe. C’est ce qu’il fait avec les Clippers. Il est dans son registre. Il fait du très bon boulot pour eux. Il met trois dunks lors du dernier match contre Utah (en demi-finales de Conférence), ça ne lui est pas arrivé depuis quatre ou cinq ans… Il est vraiment en forme, ça se voit qu’il est en jambes, qu’il a envie. Pour nous, le plus longtemps il joue, le mieux ce sera, parce qu’il sera vraiment en jambes. Je lui souhaite de taffer avec les Clippers.»

Un favori pour le titre en NBA : «Brooklyn était mon favori… Avec les blessures, on sait ce qui s’est passé. Avec les blessures, le Covid-19 de Phoenix (Chris Paul a manqué les deux premiers matches des finales de Conférence Ouest, NDLR), je mettrais Milwaukee vainqueur, mais ils jouent un peu à l’envers par moments, notamment hier soir (lors du premier match des finales de Conférence à l’Est). Je dirais Milwaukee pour aller au bout contre Phoenix. Je pense que ce sera compliqué sur la durée sans Kawhi (Leonard) pour les Clippers… Sauf s’ils se remettent à faire du “small ball”, mais avec DeAndre Ayton, ça change quand même la donne.»

Le rêve de rencontrer un sportif en particulier à Tokyo : «Je n’ai pas réellement de sportif en tête. J’aimerais quand même assister à quelques événements, si on a le temps, si le planning le permet et si je ne suis pas trop fatigué. J’aimerais bien aller voir le stade d’athlétisme et aussi du judo pour être honnête.»

Propos recueillis en visioconférence de presse

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