Un rendez-vous à haute valeur symbolique pour l’Ecosse en Angleterre


Les deux plus anciens rivaux du football international se retrouvent à Wembley ce vendredi. Un match à multiples enjeux pour les visiteurs, défaits en ouverture par la République tchèque.

À l’ombre de son imposant voisin et rival depuis plusieurs décennies, l’Ecosse a retrouvé le chemin d’une grande compétition pour la première fois depuis le Mondial 98 et une sortie sans gloire contre le Maroc à Saint-Etienne (0-3). Sans bruit, l’équipe nationale s’est reconstruite, portée par une génération autrement plus dorée que les précédentes, pour retrouver quelque chose à jouer durant l’été. 22 ans repoussés à 23 ans d’attente pour renouer le fil d’un passé pas toujours glorieux comme lors de l’Euro 96 où les Ecossais chutaient contre l’Angleterre, déjà à Wembley, déjà lors du second match de poule (2-0).

Ce jour-là, il y a près de vingt-cinq ans jour pour jour, Paul Gascoigne avait inscrit l’un de ses plus beaux buts avec les Three Lions, qui entérinaient un peu plus sur cette rivalité vieille de 150 ans, entamée le 30 novembre 1872 à Glasgow (0-0) pour ce qui est resté dans l’histoire comme le tout premier match international officiel. Depuis, la «Tartan Army» a perdu 48 matches (41 victoires) dont 13 des 20 dernières rencontres entre les deux voisins.

Le spectre du retour raté

Mais les deux nations s’affrontent moins qu’avant, elles qui se sont longtemps affrontées tous les ans, comme en rugby à l’occasion de la Calcutta Cup, le trophée le plus ancien de l’histoire du rugby. Néanmoins, le sentiment de revanche reste exacerbé pour les Ecossais, passés par tous les sentiments lors du dernier match en 2017, quand Harry Kane avait égalisé à la dernière seconde après un renversement de situation écossais dans les cinq dernières minutes (2-2). «En tant qu’Ecossais, c’est LE match à ne surtout pas manquer, confie le double-buteur d’alors Leigh Griffiths, non retenu pour l’Euro, pour Skysports. Pour en avoir joué beaucoup, je ne peux que conseiller aux gars que de profiter de ce moment, même s’il faut aller chercher un résultat.»

Et pour cause, dans des conditions pourtant favorables (l’Ecosse évoluait à domicile, à l’Hampden Park de Glasgow), les partenaires du Liverpuldien Andrew Robertson se sont inclinés 0-2 en ouverture contre la République tchèque et son buteur génial Patrik Schick. Le capitaine a peu goûté les sévères critiques au sujet de l’équipe dans la presse anglo-saxonne. «Nous sommes plus respectés qu’avant depuis qu’on s’est qualifiés pour un tournoi, mais ça n’est pas suffisant, expose le latéral gauche à Skysports. L’opportunité de jouer contre l’Angleterre est notre chance de prouver ce dont le football écossais est capable.»

Brexit en toile de fond

Contre le «Auld Enemy» (vieil ennemi), l’Ecosse devra aussi et surtout performer afin de rester envie dans cet Euro, qui pourrait tourner court en cas de nouvelle déconvenue. D’autant qu’en plus de l’Angleterre, le Pays de Galles (demi-finaliste en 2016) est aussi en passe de se qualifier pour le prochain tour. De quoi rester un peu plus dans l’ombre de ses voisins au Royaume-Uni. Un territoire dont il est régulièrement question de quitter depuis le Brexit voté en 2016 et entré en vigueur en début d’année, alors que 62% des Ecossais avaient fait part de leur volonté de demeurer dans l’Union européenne lors du vote. Et ce deux ans après le dernier référundum sur l’Indépendance du pays, où le «non» l’avait emporté à 55,3% des suffrages.

Un premier vote remettant en cause l’union des couronnes datant de 1707, qui pourrait accoucher d’un nouveau depuis la nette victoire des Indépendantistes du Scottish National Party (SNP) de la première ministre Nicola Sturgeon à l’occasion des législatives début mai. Cette dernière en a profité pour légitimer sa promesse d’organiser un nouveau scrutin d’autodétermination. Un scrutin qui peut légalement être refusé par le Parlement anglais. Et comme ce vendredi à Londres, où la «Tartan Army» fera alors face à un adversaire autrement mieux outillé même si elle enregistre le retour du défenseur d’Arsenal Kieran Trippier, l’Ecosse ne partira pas avec la faveur des pronostics. Sur le pré comme en politique.

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