«Je savais dans quel club je revenais»


Après trois lourds revers pour lancer sa saison, le manager parisien joue gros, samedi, avec la réception de Castres à Jean-Bouin.

Comment s’est déroulée la semaine du Stade Français après la défaite à Toulon ?
Gonzalo Quesada : En fait, c’est une semaine de 48 heures. C’est la difficulté quand on joue à l’extérieur le dimanche soir et qu’on enchaîne le samedi suivant à 15h. On est arrivé lundi vers 16h à Paris, on a laissé le mardi de récupération, on n’a fait qu’une réunion. On s’est entraîné un peu mercredi, un peu jeudi et vendredi, c’est off. En 48 heures, on a essayé d’aller à l’essentiel, de bien récupérer pour préparer ce match (samedi contre Castres) super important. Ça s’est bien passé, on a moins de joueurs malades, même s’il y en a beaucoup qui toussent encore. Mais ça va mieux que la semaine dernière, c’est la bonne nouvelle. On va être plus en forme qu’à Toulon.

Comment est l’ambiance au sein du groupe ? Tendue ?
Forcément, on est tendu dans le sens où l’on ne veut pas tout remettre en question. Mais on ne se ment pas non plus. On a été très lucide, très honnête avec nous-mêmes. On sait que certains nous voyaient plus beaux que ce que l’on est vraiment, mais on n’a pas joué au niveau que l’on est capable de faire. On n’a pas été au niveau pour rivaliser lors de nos trois premiers matches. On ne s’est pas étalé sur les excuses, on s’est dit la vérité. On s’est préparé sans se mentir, tout en gardant le cap. On n’a pas tout jeté, on n’a pas tout changé. On sait que le Top 14 est très dur. On a été tendu après la défaite dans le derby (contre le Racing 92), parce qu’avec deux déplacements ensuite, cela nous mettait dans une dynamique compliquée. On a traversé ces trois matches, on sait qu’il y a des moments super positifs dans ces trois matches. Par contre, on garde cette image d’une équipe qui se met en danger toute seule. On a vraiment rendu la tâche trop facile à nos adversaires. On est conscient que l’on va jouer contre une équipe qui n’a pas encore perdu (2 victoires, un nul). Ils sont en pleine confiance, dans une dynamique opposée à la nôtre. On sera prêt pour ce gros challenge.

Notre gestion du match, qui était un problème au début de la saison dernière, l’est encore. On ne se cache pas.

Gonzalo Quesada

L’an dernier vous aviez connu une période difficile, avant de finir en fort et de participer aux phases finales. Y a-t-il des leçons à tirer de cette expérience ?
Je n’ai pas tout lu ce qui est écrit sur nous, ça fait mal…(sourire) Mais vous avez raison d’être durs et critiques parce que notre contenu est décevant. Mais l’an dernier, nous avions perdu à Bordeaux, perdu le derby à domicile et à Toulon, et on s’est qualifié. On n’a pas fait mieux en termes de résultats. On est pareil mais on ne s’arrête pas aux mathématiques. On a été très moyens sur nos trois matches. Ça nous met en alerte. Je pense qu’il y a très peu d’équipes qui peuvent être ultra-régulières, seulement trois ou quatre. Après il y a une dizaine de clubs qui ont des moments forts et des moments faibles. Il y a plusieurs raisons qui font que notre jeu n’est pas complètement en place. Il y a des choses qui ont besoin d’être vite corrigées. L’expérience nous montre que ça va très vite dans les deux sens. On espère avoir retrouvé un peu de dynamique dans quelques mois. On connaît l’enjeu du match qui arrive : une nouvelle défaite nous mettrait dans une situation vraiment compliquée. On ne se l’est pas caché mais on essaie de ne pas penser qu’à ça. On doit retrouver de la confiance et notre état d’esprit.

Pourquoi n’avez-vous pas réussi à surfer sur la bonne dynamique de la fin de saison dernière ?
En fin de saison, nous avions pris un gros coup derrière la tête. On a surfé et d’un coup, il n’y avait plus de vagues… (sourire) La vague s’est arrêtée à l’Arena, on a pris le synthétique dans les dents. Il y avait une notion de confiance qui nous avait permis de bien travaillé. Après, ce ne sont pas des excuses, mais notre attaque est moins fluide que la saison dernière. Ça se construit autour du 10 et du 12. Joris (Segonds) et Léo Barré ont attaqué la saison tard, on a fait 3-4 semaines sans notre numéro 10. On a vite essayé de faire comprendre au (Néo-Zélandais) Laumape le rugby que l’on joue en Europe. Mais il ne parle pas forcément français et nos 10 ne sont pas anglophones. Cela a pris plus de temps que ce que l’on pensait. Cela peut expliquer une partie (de nos problèmes). Après, il y a d’autres raisons, notamment sur notre préparation. On est conscient qu’on n’a pas été au niveau. Sur les résultats purs, il n’y a pas de honte à perdre ces trois matches. Par contre, oui, on ne peut pas se permettre de ne pas monter de plusieurs crans notre niveau de performance. On est conscient que c’était très moyen, surtout sur nos fins de match.

Les joueurs ont-ils lâché lors de ces fins de match ? Y a-t-il un problème d’ambiance ?
Je ne pense pas. À Bordeaux, on tient en défense en fin de première mi-temps alors que l’on est à quatorze. Il n’y a que 6-0. Il y a eu plusieurs situations comme ça. Par contre, on savait que l’équipe, sur des temps faibles, pouvait perdre pied. Cela demande du temps, pour avoir des repères. Ce n’était pas acquis en fin de saison. Il faut que l’on travaille sur ces temps faibles. Après trois défaites, c’est compliqué… Mais on a des choses sur lesquelles on peut construire : notre mêlée est intéressante, nos ballons portés aussi. Après notre gestion du match, qui était un problème au début de la saison dernière, l’est encore. On ne se cache pas.

Comme tous les coaches, j’ai quelques faiblesses. Mais la force c’est que je m’occupe de ce qui dépend de moi, du concret. Mes joueurs, notre jeu, notre staff, notre saison

Gonzalo Queasda

Quand les résultats ne sont pas bons, l’entraîneur est le premier fusible. Vous sentez-vous en danger ?
Franchement, non. On échange régulièrement avec les leaders sur le terrain, les joueurs, le staff, la direction, Thomas (Lombard, le DG du club) et le docteur Wild. On est conscient qu’il faut que l’on progresse vite. Personnellement, je savais dans quel club je revenais. En revenant avec les joueurs et le staff qui étaient en place. On a fait une saison plus que correcte. On a pu développer les infrastructures du club, réorganiser le staff, rééquilibrer l’équipe pour l’avenir. On est dans ce processus-là. Après, j’avoue que c’est dangereux pour un coach de se distraire avec ça. Comme tous les coaches, j’ai quelques faiblesses. Mais la force c’est que je m’occupe de ce qui dépend de moi, du concret. Mes joueurs, notre jeu, notre staff, notre saison. Je ne me laisse pas polluer par le reste, c’est comme ça que l’on peut traverser des moments compliqués.

Pensez-vous avoir un effectif assez étoffé ?
On a perdu trois matches en n’étant pas satisfait de nos performances. Mais en aucun cas, c’est une raison pour dire ça. Je pense que l’on a un bon effectif. Est-ce que c’est un effectif pour être en haut du Top 14 toute la saison et rivaliser en Champions Cup ? On verra par la suite. Aujourd’hui, on a un bon effectif, très équilibré. Encore une fois, on a de quoi faire beaucoup mieux.

Propos recueillis en conférence de presse

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