DÉCRYPTAGE – Félicitations, encouragements, avertissements… Quel bilan pour les meilleurs tennismen du monde après la tournée nord-américaine ?
Félicitations
Novak Djokovic
Que dire ? Le trimestre parfait. Deux tournois, deux trophées. Le premier à Cincinnati, où le Serbe élimine quelques gros calibres sur son chemin (Davidovich Fokina, Monfils, Fritz et Zverev) avant de prendre sa revanche sur Carlos Alcaraz à l’issue d’une finale splendide. L’Espagnol l’avait privé de son 24e titre du Grand Chelem, dans son jardin, à Wimbledon, fin juillet. Le 24e arrive finalement moins d’un mois plus tard, à l’US Open. «Nole» lâche seulement deux sets dans le tournoi, au 3e tour contre son compatriote Laslo Djere (4-6, 4-6, 6-1, 6-1, 6-3). La seule frayeur d’un parcours sans remous à Flushing Meadows, où il a bénéficié d’une partie de tableau relativement ouverte. Le numéro 1 mondial s’est donc emparé de trois des quatre tournois du Grand Chelem en 2023. Comme en 2011, 2015 et 2021. Plus que jamais en haut du panthéon de ce sport.
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Jannik Sinner
Le jeune Italien (22 ans) monte en puissance. Si la grande performance en Grand Chelem se fait encore attendre (défaite en huitième de finale de l’US Open face à Alexander Zverev), Jannik Sinner a remporté son tout premier Masters 1000. Un joli parcours à Toronto où il a sorti Berrettini, Murray, Monfils et Paul, avant d’écraser Alex de Minaur en finale. Son passage à Cincinnati est à oublier, avec une élimination dès les 16es de finale face à Dusan Lajovic. Mais sans doute était-il un peu émoussé par son parcours à Toronto. Quoi qu’il en soit, Sinner a prouvé sur ce trimestre qu’il savait gagner des titres majeurs. «Gagner ce genre de tournoi représente le rêve de tout joueur de tennis, confie-t-il après sa finale remportée. Mais j’ai commencé à y croire un peu plus à partir de l’année dernière. Car j’ai senti que j’avais le niveau pour gagner. Je l’ai démontré cette année, en atteignant des finales ou des demi-finales.»
Encouragements
Daniil Medvedev
Le Russe a moins performé qu’à l’ordinaire au Canada et à Cincinnati, deux tournois qu’il a déjà remportés par le passé (2019 et 2021). Alex de Minaur et Alexander Zverev furent ses bourreaux cette année, en quart puis huitième. Mais en ralliant la finale de l’US Open, sa première en Grand Chelem depuis l’Open d’Australie 2022, Daniil Medvedev a rappelé qu’il fallait toujours compter sur lui. À Flushing Meadows, il a surtout écarté le tenant du titre Carlos Alcaraz, qu’il n’avait plus battu depuis l’édition 2021 de Wimbledon. «Évidemment que Daniil est là. Il est toujours là, explique l’Espagnol à propos de son adversaire. Je suis persuadé que nous allons nous retrouver encore dans les derniers tours des grands tournois. À chacun de nos matchs, nous avons joué de très beaux points et livré de grandes batailles. Donc oui, je pense que ce sera une grande rivalité.»
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Carlos Alcaraz
Aucun trophée pendant la tournée nord-américaine. Une incongruité chez un joueur qui nous a habitués à tout rafler sur son passage. Mais son trimestre n’en reste pas moins très solide, avec un quart de finale à Toronto, une finale à Cincinnati et une demi-finale à l’US Open. «Je pensais être un meilleur joueur, capable de trouver des solutions quand le match ne va pas dans le bon sens, analyse l’Espagnol aux deux titres en Grand Chelem après sa défaite contre Daniil Medvedev à Flushing Meadows. Mais après ce match, je vais devoir revoir ma position : je ne suis pas suffisamment mature pour gérer ce genre de matchs. Il faut que j’en tire les leçons» Nul doute qu’avec un tel état d’esprit, le jeune Murcien (20 ans) va revenir plus fort. Si tant est que ce soit possible.
Ben Shelton
Celui qui n’était jamais sorti des Etats-Unis l’année dernière a engrangé de l’expérience et de la maturité pendant son tour du monde. Avant de revenir en forme sur ses terres. Battu par plus fort que lui à Toronto (défaite en 16es face à Carlos Alcaraz) et Cincinnati (défaite en 16es face à Stefanos Tsitsipas), le natif d’Atlanta, 20 ans, a créé la surprise à l’US Open en ralliant le dernier carré. Sa célébration en coup de téléphone a fait le buzz après son succès en quart de finale contre son compatriote Frances Tiafoe. Célébration reprise en demi-finale par Novak Djokovic, son bourreau chambreur. Avant le sprint final, le surpuissant gaucher peut être fier de sa saison. Prometteur.
Gaël Monfils
Le Français de 37 ans a enchaîné les tournois sur dur, surface qu’il apprécie particulièrement. Huitième de finale, à Washington, quart à Toronto, huitième à Cincinnati, 2e tour à l’US Open. De très bons résultats pour un joueur qui a manqué sept mois de compétition entre 2022 et 2023 en raison d’une blessure au pied droit. «La Monf’» a surtout accroché quelques jolis noms à son tableau de chasse, dont Alexander Bublik, Stefanois Tsitsipas, Christopher Eubanks, Alex de Minaur et Cameron Norrie. En plus de gratifier le public de quelques points spectaculaires dont il a le secret.
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Peut mieux faire
Andrey Rublev
Comme souvent, le Russe de 25 ans a échoué à passer le cap des quarts de finale en Grand Chelem. Daniil Medvedev est apparu bien plus fort à Flushing Meadows (6-4, 6-3, 6-3). Un vrai plafond de verre. Pour le reste, son troisième trimestre est médiocre. Rublev a été sorti dès les 16es de finale à Toronto et Cincinnati, d’abord par Mackenzie Mc Donald, ensuite par Emil Ruusuvuori. Deux adversaires largement à sa portée. Le Moscovite vivote depuis trop longtemps dans le top 10 sans vraiment se rapprocher du sommet. Il devrait malgré tout décrocher son ticket pour le Masters de fin sa saison. En attendant, il vient de remporter l’UTS, tournoi d’exhibition à l’initiative de Patrick Mouratoglou.
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Avertissement
Stefanos Tsitsipas
Le Grec ne répond plus. Trois éliminations précoces, dès son entrée en lice à Toronto (face à Gaël Monfils), en huitièmes à Cincinnati (face à Hubert Hurkacz) et au 2e tour à l’US Open (face à Dominic Stricker). Un vrai passage à vide pour celui qui avait atteint la finale de l’Open d’Australie en début d’année. Pour ne rien arranger, Tsitsipas vient d’être dompté par le Slovaque Alex Molcan, 113e mondial, en Coupe Davis. Lui qui a à cœur de disputer le Masters en fin d’année va devoir mettre les bouchées doubles pour sécuriser sa place dans les huit meilleurs joueurs de l’année. Le Grec est actuellement sixième, mais avec peu d’avance sur Holger Rune, Alexander Zverev, Taylor Fritz ou encore Casper Ruud, en embuscade.
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Holger Rune
Le Danois n’a tout simplement gagné aucun match depuis Wimbledon. La faute à des douleurs au dos. À 20 ans, sa soif de succès est grande, mais Holger Rune aurait peut-être pu avoir la maturité de se ménager pour prendre le temps de se reposer en vue du sprint final. Ses défaites aux premiers tours des trois tournois disputés (Toronto, Cincinnati, US Open) n’ont sûrement pas fait du bien au moral, en plus de le pénaliser à la Race. Il vient de déclarer forfait pour la Laver Cup (22-24 septembre à Vancouver). Sage décision.
Casper Ruud
Le Norvégien a tourné à plein régime en 2022. En comparaison, sa saison 2023 est pour le moment très décevante, malgré une nouvelle finale à Roland-Garros. Le natif d’Oslo a perdu en huitièmes à Toronto, en 16es à Cincinnati et au 2e tour à l’US Open, tournoi dont il avait atteint la finale la saison passée. Ruud va devoir rectifier le tir lors de la tournée asiatique et à Bercy fin octobre s’il veut avoir une chance d’être dans les huit qui disputeront le Masters. Il est pour le moment 10e à la Race.
Felix Auger-Aliassime
La saison cataclysmique du Canadien se poursuit. Incapable d’enrayer sa spirale négative, le natif de Montréal n’a remporté qu’une seule rencontre sur toute la tournée nord-américaine (face à Matteo Berrettini à Cincinnati). Résultat des courses, Felix Auger-Aliassime s’éloigne du top 10 au classement ATP et se trouve déjà complètement hors course pour le Masters de fin de saison (54e à la race). «C’est un passage que j’ai connu avec Félix quand il avait 14 ans, raconte son père Sam Aliassime. Il avait un problème au genou, et on a passé six mois à galérer avant de vraiment revenir en compétition.» Mais le papa ne se dit «pas effrayé», car «le moral est là».