pourquoi il faut rester prudent sur le rôle de l’ivermectine

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Une étude australienne sur l’action de cette molécule contre le coronavirus circule beaucoup sur les réseaux sociaux. Mais elle ne permet pas de dire que l’ivermectine soigne les patients atteints du Covid-19.

Après la chloroquine, c’est au tour de l’ivermectine d’être présentée sur les réseaux sociaux comme la solution face au coronavirus. De nombreux internautes partagent des articles affirmant que cette molécule pourrait être efficace pour lutter contre le Covid-19. Une étude australienne est régulièrement mise en avant pour assoir cette affirmation, mais le travail en question est loin de conclure à un remède miracle. La Cellule Vrai du faux de franceinfo vous explique.

L’étude en question (lien vers un article en anglais) a été réalisée par une équipe de chercheurs australiens du Royal Melbourne Hospital et de l’université Morash. Elle a été publiée vendredi 3 avril. Dans leur publication, les auteurs précisent que l’ivermectine réduit la charge virale du nouveau coronavirus “in vitro” en 48 heures, c’est à dire en laboratoire et non chez des humains. “L’étude in vitro est un premier pas, mais il y a un océan entre quelque chose qui marche dans un laboratoire et quelque chose d’efficace chez l’homme”, explique Frédéric Altare, immunologiste et directeur de recherche à l’Inserm.

“D’après cette étude, l’ivermectine s’est avérée efficace contre une cellule isolée infectée par le virus, mais quand cette cellule est dans un organisme vivant, est-ce que c’est toujours efficace ?”, s’interroge Frédéric Altare. Il est impossible de le savoir à ce stade. Pour cela, les tests sont à effectuer par étape. La molécule est d’abord testée sur des modèles animaux, comme des hamsters ou des souris. Ce sont ce qu’on appelle les essais précliniques. Si les effets secondaires ne sont pas trop importants et que la molécule reste efficace, des essais auront lieu chez des groupes d’individus sains. Et si là encore l’essai est concluant, la molécule sera testée sur des sujets malades. Difficile de dire combien de temps durera au total tout ce processus dans le cas de l’ivermectine. En règle générale, cela dépend notamment de la molécule concernée et de l’urgence sanitaire.

L’ivermectine a été testée sur le SARS-CoV2, le virus à l’origine du Covid-19, car “souvent dans l’histoire récente les antiparasitaires se sont avérés comme de très bons antiviraux” lors de tests en laboratoire, explique Frédéric Altare. L’avantage de tester cette molécule, c’est qu’“on connaît son activité antivirale in vitro contre plusieurs virus, on connaît son mode d’action supposée”, ajoute Etienne Declory, directeur de recherche au CNRS et membre de la Société française de virologie (SFR).

L’ivermectine est bien connue au sein de la communauté scientifique, notamment sous le nom de Stromectol, l’un des noms du médicament. L’OMS indique que l’ivermectine est réputée pour son efficacité contre plusieurs maladies parasitaires, dont la gale. Elle est également utilisée depuis la fin des années 1980 pour soigner l’onchocercose (appelée aussi cécité des rivières), autre maladie parasitaire, très répandue en Afrique subsaharienne, transmise à l’homme par la piqûre d’une petite mouche noire qui se reproduit à proximité des cours d’eau.

L’ivermectine reste une piste parmi d’autres. De nombreuses molécules sont actuellement testées dans les laboratoires. Comme l’ivermectine ou la chloroquine, elles affichent des résultats encourageants contre le SARS-CoV2 in vitro. “On gagne du temps à tester des molécules qui sont déjà vendues dans le commerce”, indique l’immunologiste Frédéric Altare.

Toutefois, il ne faut pas se contenter de tester une seule molécule, prévient le virologue Etienne Decroly : “Aujourd’hui, avoir un coup d’avance dans la lutte contre ce pathogène, c’est essayer d’avoir plusieurs molécules thérapeutiques”, explique-t-il. Coauteur d’une étude qui se penche sur l’éventuelle action de plusieurs molécules contre le SARS-CoV2, il sait que “peu arrivent au bout des essais”. L’idéal serait de pouvoir aboutir à des thérapies combinées, c’est à dire des combinaisons de molécules qui agissent contre le virus. “D’autres molécules vont sûrement émerger et c’est une bonne nouvelle”, conclut Etienne Decroly.

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